“Si je demande une contre-visite, généralement, c’est qu’il y a anguille sous roche” – Interview de Andry Rakotozafy, Responsable des opérations chez APEM PAIQ

Andry Rakotozafy est un acteur clé au sein de l’équipe d’APEM PAIQ, où il occupe le poste de Responsable des opérations. Depuis son arrivée en 2009 en tant qu’agent de crédit, il a gravi les échelons, devenant assistant des opérations en 2010, superviseur de crédit en 2015, et enfin responsable des opérations depuis janvier 2022. Son parcours reflète non seulement sa compétence et son engagement, mais aussi sa capacité à s’adapter et à exceller dans des rôles variés au sein de l’entreprise.

Dans cette interview, Andry partage son expérience et son expertise. Il nous éclaire sur son métier et les défis qu’il rencontre pour confirmer l’éligibilité du client qui va bénéficier de leurs offres de crédits. Cette discussion offre une perspective unique sur l’impact positif d’APEM PAIQ sur la vie de nombreuses personnes. Découvrez comment, avec empathie et perspicacité, Andry contribue à transformer des vies et à soutenir le développement économique des communautés locales.

Pouvez-vous nous raconter vos débuts en tant qu’agent de crédit puis assistant opérationnel ?
En tant qu’agent de crédit, environ 70 à 80 % de mon temps était consacré au terrain : rencontrer les clients, prospecter de nouveaux clients, faire des suivis et recouvrer les impayés. En tant qu’assistant des opérations, mon travail était principalement administratif, concentré sur la saisie des données de remboursement et de crédit, le reporting, et les formalités internes. Je devais saisir toutes les transactions de chaque bureau dans le système, ce qui représentait un travail essentiellement de bureau.

Pourquoi les clients choisissent-ils la microfinance plutôt que les banques traditionnelles ?

Nos clients ne sont généralement pas bancarisés et ne parviennent pas à répondre aux exigences des banques traditionnelles. Les microfinances offrent des conditions plus souples et moins strictes. Chez nous, les procédures sont simplifiées, même s’il y a toujours des règles à respecter.

Comment se passe la validation d’une demande de crédit, et quels en sont les enjeux?

Les clients discutent d’abord avec l’agent de crédit, qui effectue ensuite des descentes pour vérifier les éléments nécessaires à la construction du dossier. L’agent remplit une fiche d’évaluation de 6 à 7 pages et la soumet au superviseur pour une contre-visite. Après validation, le dossier passe en comité pour décision. Ce comité est composé de l’agent, du superviseur, du responsable des opérations et, dans certains cas, du Directeur général.

C’est un challenge de ne pas pouvoir voir le client en personne. Je ne le vois qu’à travers le papier. Pour y remédier, je pose à l’agent mes questions sur le profil du client : “qui est cette personne ? quelle est son activité ? sa motivation ?”.

Prendre la décision n’est pas chose facile. C’est pour cela qu’il est crucial d’avoir une vue d’ensemble de la situation personnelle du client. Par expérience, nous savons que le recouvrement va être difficile si le client a dissimulé des informations. 

Je m’appuie sur mon instinct et pose de nombreuses questions à l’agent de crédit pour cerner les points faibles du dossier. Avec l’expérience, j’ai minimisé les erreurs de jugement. Quand mon intuition me dit qu’il y a un problème, je fais une contre-visite. Mon équipe sait que si je demande une contre-visite, c’est qu’il y aura généralement anguille sous roche (rires).

Pensez-vous que la vie des clients est positivement impactée par APEM PAIQ ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples?

Oui, nous avons des fiches d’évaluation pour suivre et voir les impacts des crédits. Nous constatons une amélioration des conditions de vie des clients et une croissance de leurs activités. Ces évaluations montrent clairement les bénéfices que nos services apportent aux clients.

Ayant intégré le portefeuille d’investissement de Miarakap en 2019, APEM PAIQ est une institution de Microfinance proposant des crédits individuels et solidaires, ainsi que des services non financiers tels que l’assurance santé et la formation à la gestion financière à Madagascar. A ce jour, l’institution compte 17 bureaux physiques répartis dans trois régions : Analamanga, Itasy et Vakinankaratra. Plus de 16 000 micro-crédits ont été octroyés depuis 2010, dont 10 000 crédits durant les 5 dernières années.