INTRODUCTION
En 2018, Miarakap a démarré ses activités comme « Fonds d’investissement à impacts ».
Selon la définition du Global Impact Investor Network (GIIN), l’investissement à impacts est un investissement « réalisé avec l’intention de générer un retour positif, ayant un impact social et environnemental mesurable, tout en assurant un rendement financier ».
La mission de Miarakap est en ligne avec cette définition : contribuer au développement économique et social et à la conservation environnementale à Madagascar à travers la promotion, l’accompagnement et le financement d’entrepreneurs ambitieux et responsables à fort potentiel de croissance et d’impacts.
En cinq ans, il nous est apparu que notre outil de financement phare, le capital, permettait à des entrepreneurs, comme à des investisseurs, d’atteindre ce double objectif de rentabilité et d’impacts, mais qu’il s’avérait insuffisant en termes de moyens et d’outils pour répondre aux urgences sociales, environnementales et climatiques de notre région.
Nous avons donc construit des programmes et des outils de Blended Finance, pour accroître, rendre plus performants et moins risqués les financements vers les entreprises à impacts, et contribuer ainsi à en faire des acteurs clés de la conservation environnementale et du développement local.
Le Blended Finance permet d’accélérer les projets en faveur de la nature
Selon Convergence, le Blended Finance se définit comme « l’utilisation stratégique des financements du développement et des fonds philanthropiques pour mobiliser les flux de capitaux privés vers les marchés émergents, engendrant des résultats positifs pour les investisseurs et les communautés touchées ».
Il s’agit donc d’une approche qui implique l’utilisation de fonds publics et philanthropiques pour modifier le profil risque/rendement des projets d’investissement afin d’attirer le secteur privé[1]. Au cours des 15 dernières années, les 600 transactions de Blended Finance ont mobilisé en moyenne 10 milliards USD par an mixant directement des sources publiques et privées, ce qui est très peu comparé aux volumes totaux de l’aide publique au développement (200 milliards USD en 2022) à ceux de l’investissement à impact (40 milliards USD en 2022).
L’extrême pauvreté est la cause principale de la dégradation de l’environnement
Avec 83 % de la population en situation d’extrême pauvreté et moins de 2% de la population occupant un emploi formel, le grignotage des écosystèmes naturels est souvent le principal moyen de subsistance des populations rurales et périurbaines : charbonnage, tavy, cuisson des briques, surpêche, exploitation des ressources naturelles animales et végétales menacées sont le package de survie des populations locales vulnérables, en l’absence d’opportunités économiques et sociales.
La situation est similaire aux Comores, avec un taux d’extrême pauvreté de 43% ou au Mozambique à 71%.
[1] The Blended finance playbook for nature-based solutions – Earth Security
Au- delà de l’approche de conservation, il faut impliquer les entrepreneurs
La communauté des défenseurs de l’environnement reconnaît largement que la pauvreté est un facteur déterminant de la détérioration du capital naturel. La plupart des ONG de conservation à Madagascar et aux Comores en tiennent compte et s’efforcent de proposer des activités génératrices de revenus aux populations locales. Cependant, les ONG seules ont souvent du mal à mettre en place des entreprises économiques viables à l’échelle appropriée, et il est nécessaire que les entrepreneurs interviennent et proposent des solutions économiques viables. Nous pensons que les entreprises axées sur l’impact environnemental représentent un élément crucial de la solution, souvent négligé, et qu’elles ont le potentiel de jouer un rôle beaucoup plus important dans l’agribusiness, l’agroforesterie, les énergies renouvelables, la gestion des déchets, les combustibles verts, l’éducation, l’écotourisme, la santé, etc.
Cas de Ando Pépinière, une start-up spécialisée dans l’agroforesterie qui produit et distribue 200 000 jeunes plants et des semences par an dans la région du sud-est de Madagascar (Farafangana), une région particulièrement menacée par la déforestation, la coupe illégale de bois, l’expansion de l’agriculture sur brûlis (tavy) et la conversion des forêts en terres agricoles ou en pâturage, malgré le potentiel environnemental et économique de la région (plusieurs espèces endémiques, une forêt tropicale humide riche en biodiversité). L’entreprise produit principalement des arbres de rentes ~50% (girofliers et caféiers), des arbres forestiers (albizzia) et quelques arbres fruitiers tropicaux (litchi). L’entreprise n’utilise aucun intrant chimique et au-delà de la vente de jeunes plants, elle assure également la formation des acheteurs et propose un encadrement technique. Elle approvisionne les organismes de développement et de conservation comme Conservation Internationale (CI), l’Agence Adventiste de Développement et d’Aide (ADRA), le Fonds d’Intervention pour le Développement (FID). En 2023, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de près de 100,000USD et emploie près d’une dizaine de personnes.
Les entreprises ont besoin d’accompagnement à l’investment readiness
Les projets portés par des entrepreneurs ne sont jamais idéaux et rarement prêts à être financés, les ambitions d’impacts sont peu formalisées, les outils de suivi et d’évaluation n’existent pas ou peu… Il faut du temps pour que des équipes d’entreprises privées saisissent pleinement ces aspects, et elles ont besoin d’être soutenues pendant cette phase pour les préparer à une mise à l’échelle axée sur l’investissement – un concept communément appelé « investment readiness« .
Ces entreprises ont besoin d’accompagnement : pour améliorer leur compréhension des questions de conservation, forger les bons partenariats environnementaux, développer et mettre en œuvre des stratégies d’impact solides et pour l’accès aux marchés. Elles ont également besoin d’aide en matière de communication – pour présenter leurs modèles aux investisseurs, aux partenaires et aux clients – mais aussi en matière de plaidoyer, pour favoriser la mise en place d’un environnement favorable.
Cas de JiroVe, une entreprise spécialisée dans la fourniture de solutions d’éclairage solaire et de cuisson propre (« clean cooking ») à des populations à très faibles revenus, dans les régions reculées de Madagascar. L’entreprise fournit de l’énergie à plus de 16.000 personnes et impact positivement la vie de 80.000 personnes parmi lesquels 80% d’enfants et de femmes. La capacité de séquestration de gaz à effet de serre liée au secteur de l’énergie est largement considérée comme naturelle mais les mesures, les bases de références, les outils ainsi que les systèmes de suivi et de vérification ne sont pas encore tout à fait au point, notamment pour les petites entreprises. Le Blended finance joue un rôle essentiel dans l’accompagnement de ces PME dans le développement d’outils, la valorisation et la quantification de ses impacts et le suivi.
Le Blended Finance réduit les risques pour les investisseurs privés, attire plus de capitaux pour les entreprises, et pérennise l’impact des acteurs du développement et de la conservation
Le contexte local, combiné aux conditions économiques qui prévalent, introduit une série de facteurs de risque qui freinent la création et la croissance des entreprises. Les entreprises axées sur des solutions basées sur la nature suivent souvent une voie plus expérimentale et sont confrontées à des risques plus élevés, dans des horizons de temps plus long avant d’atteindre la viabilité financière. Ces entreprises et leurs projets ont besoin d’une atténuation des risques (« derisking »). Il convient donc de développer une approche « mixte », dans laquelle le financement public joue un rôle de réduction des risques pour le projet et le financement privé joue un rôle dans le maintien de la rentabilité, la durabilité et l’impact et de l’approche.
Exafeed est une entreprise d’impacts et d’innovation, qui produit des protéines alternatives durables grâce à l’élevage d’insectes en utilisant des déchets organiques et des sous-produits agricoles, pour la consommation animale et humaine. En parallèle à ce produit principal, l’entreprise produit des engrais organiques issus de la frass. La vision de l’entreprise est de devenir un leader régional dans la production innovante et responsable de protéines au sein de l’océan Indien, en transformant plus de 3000 tonnes de sous-produits agricoles par an en farine d’insectes. Il est prouvé que :
- L’élevage d’insecte consomme moins de terres, moins d’eau et moins d’énergie que tout autre modèle d’élevage ;
- La valorisation des intrants (les déchets) permet de réduire les émissions des GES liées à leur méthanisation : 1T métrique de larves fraîches permet de réduire les émissions de méthane équivalentes à 4,4T de CO2 (émissions directes et induites). En collectant 20 Tonnes par jour, Exafeed contribuerait à réduire les émissions directes et induites de 88T de CO2 par jour.
- L’utilisation de la frass permet d’enrichir le sol grâce à des nutriments essentiels, aux bactéries et micro-organismes qu’elle contient.
- La protéine alternative remplace la protéine de poisson, réduisant ainsi la surpêche : 1T métrique de protéines d’insectes préserve 1T métrique de poissons dans l’océan.
- La protéine alternative remplace la protéine de soja, contribuant ainsi à la réduction de la déforestation : 1T métrique de protéine d’insectes préserve 1 700 m2 de terres arables.
- Un emploi formel ou informel est créé pour 500 kg de déchets collectés par jour.
Dans sa phase de recherche et développement, depuis 2017, cette entreprise pionnière et innovante dans la production de protéines alternatives durables a été appuyée par le Critical Ecosystem Partnership Fund et USAID. Ce soutien financier initial a permis à Exafeed de mener des recherches approfondies sur les espèces (des grillons à travers Exafood puis progressivement des mouches soldats noires), les meilleures conditions d’alimentation et d’élevage, etc. à travers une ferme pilote à Tsimbazaza. Ces travaux de recherche ont permis de catalyser le financement d’investisseurs privés, un philanthrope américain et Miarakap, permettant à l’entreprise de consolider ses activités, développer son produit phare et mettre à l’échelle sa chaîne d’élevage et de production. Aujourd’hui, l’entreprise est en mesure de produire une quantité significative de plusieurs tonnes de protéines alternatives durables, a noué des partenariats stratégiques avec des fournisseurs d’intrants et a étendu ses activités dans d’autres régions de Madagascar.
Ainsi pour environ 1 USD de subvention, l’entreprise aura mobilisé plus de 2 USD de fonds privés.
Quels outils de Blended Finance pour quelles situations ?
1. Des subventions ou des prêts d’amorçage pour le design, la préparation et la création d’un véhicule d’investissement et la formation de l’équipe
Financer la création d’un fonds d’investissement passe par des étapes très normées : l’analyse de marché, l’étude de faisabilité opérationnelle, le design juridique, le business plan, la définition de la thèse d’investissement et d’impact, la construction du deal-flow, la levée de fonds, la rédaction des procédures, et le lancement proprement dit. Ces étapes sont longues et coûteuses pour les gestionnaires de fonds, notamment les équipes qui lancent leur premier ou deuxième fonds. Le coût est souvent disproportionné lorsqu’il s’agit de « petits » fonds (moins de 50 millions USD), pourtant a priori adaptés à une approche d’impact locale, régionale, ou exploratoire.
C’est dans cette logique que l’équipe fondatrice de Miarakap a pu bénéficier entre 2016 et 2018 d’une subvention de 100 000 euros de la part du Gouvernement de Monaco et de la Fondation Argidius, qui a permis de réaliser une étude de marché et d’opportunité de création d’un véhicule d’investissement et d’accompagnement dédié au financement des PME à impact à Madagascar. Cette étude a notamment permis d’estimer les besoins et le nombre de PME dans le segment visé, les différents secteurs susceptibles d’être ciblés, et de préciser la thèse d’investissement et d’impact du futur fonds.
Ces financements ont permis de financer la longue phase de montage du fonds, consistant à identifier et analyser les premières cibles d’investissement, rédiger plusieurs documents structurants pour la présentation du fonds (comme un teaser commercial et un mémorandum d’investissement), construire un business plan financier cohérent avec la stratégie d’investissement, identifier et approcher des investisseurs potentiels pour la participation au tour de table, mener une étude de faisabilité juridique et rédiger la documentation cadrant le fonctionnement du fonds et de sa gouvernance. L’ensemble a permis de réaliser une levée de fonds d’un montant de 3 millions d’euros, souscrite auprès de 16 investisseurs, parmi lesquels le Groupe Investisseurs & Partenaires, les principales banques commerciales du pays, plusieurs grands corporate leaders de leurs secteurs d’activités et quelques entrepreneurs et investisseurs privés. En mars 2018, soit 21 mois après l’attribution de ces subventions, Miarakap Investissement a pu démarrer ses activités. 5 ans plus tard, ce sont 15 entreprises qui ont été financées en capital, un fonds dont le capital a été augmenté à 6,5 millions d’euros réunissant aujourd’hui 25 investisseurs, et une équipe d’investissement de 9 professionnels talentueux et engagés.
En matière de finance environnementale, la question du financement de phases de design et de préparation est encore plus vitale, car les approches sont innovantes et plus risquées, les benchmarks sont rares et les projets doivent nécessairement passer par une première phase exploratoire.
Les subventions de design stratégique permettent de former les gestionnaires de fonds et les équipes d’investissement dans les domaines complexes du climat et de la biodiversité. Des investisseurs d’impact comme Miarakap, déjà habitués au poids de la « mission » dans la stratégie d’investissement et à la nécessité de définir des théories du changement robustes et de cadres de mesure et d’accompagnement de l’impact pertinents, sont des partenaires évidents pour la montée en puissance des structures de financement de solutions basées sur la nature.
Pourtant, ces gestionnaires ou futurs gestionnaires, qui sont souvent des généralistes de la finance et de l’entreprise, doivent eux-mêmes monter en compétences sur les questions environnementales. Ils peuvent le faire à travers des partenariats avec des acteurs de l’environnement, des formations spécifiques, la participation à des conférences et séminaires, des déplacements pour effectuer des benchmarks internationaux ou bâtir des partenariats, l’inscription à des publications payantes etc.
Dès le démarrage de nos activités, en 2018, le Critical Ecosystem Partnership Fund (CEPF) nous a soutenu dans notre démarche de formalisation de notre thèse d’impact environnemental, à travers un financement de 120,000 USD, utilisé pour la définition d’une stratégie d’impact environnemental, la formation de l’équipe d’investissement aux enjeux environnementaux, la construction d’un pipeline d’entreprises (à travers des descentes sur terrain et des benchmarks, etc.) avec un modèle économique étroitement lié aux sujets de conservation de l’environnement.
Ces actions nous ont permis le design stratégique d’un programme de financement et d’accompagnement d’entreprises dans la conservation de l’environnement, à l’échelle : en mars 2022, le programme Mitsiry est lancé. Il s’agit d’un programme de Blended Finance financé à hauteur de 5 millions USD par USAID et sur lequel nous avons catalysé 7,5 millions USD de financement du secteur privé.
Ce programme de Blended finance inédit à Madagascar va financer et accompagner une trentaine d’entreprises à impact positif sur la conservation de la biodiversité et sur les communautés locales dans les secteurs de l’agriculture, l’écotourisme, l’éducation environnementale, l’agroforesterie, l’énergie, l’aquaculture, la gestion de déchets ou les combustibles verts.
2. Des fonds d’assistance technique pour renforcer les capacités des cibles d’investissement et de leurs parties prenantes, afin de les rendre éligibles à des financements de plus grande ampleur – Investment readiness
La mise en œuvre de la plupart des projets des entreprises requiert la participation active de plusieurs acteurs locaux tels que les organisations locales, les communautés locales, les employés de l’entreprise. Souvent, ces acteurs nécessitent une formation dans des domaines techniques, commerciaux ou financiers pour être pleinement opérationnels.
Le renforcement de capacité de ces différents acteurs, à travers de l’assistance technique avant l’investissement peut jouer un rôle déterminant dans la réussite du projet.
Dans le cadre du programme Mitsiry, nous accompagnons les bénéficiaires dans cette logique d’investment readiness à travers des renforcements de capacité stratégique, organisationnelle, financière, d’impactsur 4 axes systématiquement (1) une gouvernance aux normes : des comités de pilotage mensuels et des reporting réguliers, qui permettent de réaliser un suivi technique et budgétaire détaillé et régulier des différents projets, (2) un système de suivi et d’évaluation aux normes internationales, (3) un accompagnement administratif et financier et (4) un accompagnement sur-mesure sur la formalisation de la stratégie d’impact et de la théorie du changement.
SENTEURS ET SAVEURS – ILANGA NATURE
Parmi ces bénéficiaires d’assistance technique, Senteurs et Saveurs du Monde (SSM) une entreprise spécialisée dans la collecte, la production et la transformation de miel et d’autres produits de la ruche, qui fait vivre plus de 750 apiculteurs. A travers des missions sur le terrain et l’utilisation de nos réseaux, nous avons appuyé l’entreprise dans la formalisation et dans le renforcement de sa thèse d’impact et sa théorie de changement ainsi que dans la construction de partenariat avec d’autres parties prenantes (OSC, ONG, association) autour de leurs zones d’intervention. Cette assistance technique permet de mettre à niveau les outils de gestion et de suivi de l’entreprise et de formaliser sa théorie de changement, la rendant éligible pour des investissements plus conséquents.
Nous avons également développé un accélérateur de start-ups à impact positif sur la conservation de l’environnement, pour les préparer à cet investment readiness.
Cet accélérateur détecte, finance et accompagne des start-ups championnes en devenir en termes de business et d’impact sur la conservation de l’environnement et l’adaptation des communautés locales, depuis 2022. Avec, aujourd’hui, 20 start-ups bénéficiaires de l’accompagnement, dans les secteurs des combustibles verts, la production de chocolat, de farine de manioc, de farine protéinée à base d’insectes comestibles, de fruits séchés, de pesticides biologiques, l’apiculture, les huiles essentielles, les briques en terre cuite, le recyclage de déchets plastiques, etc. nous avons établi un ensemble de cinq piliers d’accompagnement, chacun étant conçu pour offrir un soutien complet et ciblé :
- L’assistance Technique : En organisant des comités de pilotage mensuel en collaboration avec des experts techniques et nos chargés d’investissement, rompus à l’exercice. Cette étape garantit que les start-ups sont bien guidées dans leur trajectoire de croissance à travers des ateliers sur des sujets spécifiques,
- Le mentorat : Notre programme de mentoring assigne à chaque entrepreneur un mentor dédié, issu de notre écosystème d’entrepreneurs et d’experts, offrant un accompagnement personnel et un conseil éclairé pour résoudre les défis rencontrés. Il s’agit d’un entrepreneur expérimenté, qui est passé par les étapes par lesquelles passeront nécessairement nos entrepreneurs accompagnés : la conception et l’amélioration de produits ou de services à forte valeur ajoutée, la constitution de son équipe, la structuration de sa société, la gestion de la croissance, le financement, les problèmes,
- La communauté : Notre réseau global, rassemblant l’écosystème national et international, est mis au service de nos start-ups. Cette communauté offre des opportunités de réseautage, de partage d’idées et de collaboration, de partage d’opportunité Business ou de débouché, de Benchmark, de potentiels clients, créant ainsi un environnement propice à la croissance pour les start-ups,
- Les renforcements de capacités : À travers des Masterclasses et des workshops organisés mensuellement, sur des thématiques comme que les ressources humaines, l’utilisation d’outils digitaux, la gestion administrative et financière, le mindset entrepreneurial, la marque, la théorie de changement, etc., nous veillons à renforcer les compétences des entrepreneurs et de leurs équipes sur des sujets de gestion d’entreprises (et donc dispensés par l’équipe de Miarakap) ou des sujets techniques (sur lesquels nous mobilisons des experts externes),
La recherche de financement additionnel : En plus de financer en avance remboursable sans intérêt et sans garantie, à hauteur de 5000$ à 45000$ les start-ups, nous les accompagnons dans la mobilisation des fonds additionnels externes, pour soutenir davantage leur croissance et leur extension.
MALAKASS
Partant du constat que le manioc est une denrée abondante mais très peu valorisée dans la région du sud de Madagascar, Malakass transforme du manioc en farine de haute qualité, naturellement sans gluten. L’entreprises s’approvisionne quotidiennement auprès de plusieurs dizaines d’agriculteurs regroupés en coopératives dans un rayon de 100km autour de la ville de Tuléar.
Cette région est aujourd’hui très affectée par les effets du changement climatique, la déforestation, la perte de la biodiversité, la sècheresse, la perte de terres agricoles et de rendement. En 17 ans, la région d’Atsimo Andrefana a perdu près de 60 % de ses forêts denses (soit environ 10 % de la superficie de la région) et 66 % de ses forêts dégradées. La région est principalement menacée par la multiplication des fours à charbon, la coupe illégale de bois pour les alimenter, et par l’agriculture itinérante sur brulis.
La production de farine de manioc dans cette région joue un rôle essentiel dans la préservation de l’environnement tout en améliorant les conditions de vie des agriculteurs locaux :
- A travers un système de production qui permet d’octroyer plus de valeur au manioc comparé aux pratiques anciennes : traditionnellement, pour vivre de ce produit à faible valeur il fallait produire énormément ;
- Du fait que le manioc se contente des terres marginales et peut être cultivé sur la même parcelle de terre pendant plusieurs années sans avoir besoin de défricher de nouvelles zones, détournant ainsi l’attention des communautés locales de la forêt ;
- Le manioc est une culture résiliente au changement climatique, capable de résister aux conditions météorologiques extrêmes, notamment la sécheresse, grâce à sa capacité à pousser dans des sols pauvres en nutriments. Ce qui est un facteur important dans cette région dont la pluviométrie est relativement faible et surtout aléatoire. La culture de manioc permet aux agriculteurs de maintenir des récoltes, et donc des revenus stables malgré les aléas climatiques. Les pertes de rendement sont plus faibles que dans le maïs ou le riz face aux mêmes aléas climatiques.
Enfin, les fournisseurs de l’entreprise qui sont méticuleusement sélectionnés en amont n’utilisent aujourd’hui aucun engrais ni pesticide de synthèse, et ne contribue donc pas à la dégradation du sol, ni à la pollution de l’eau ni à la perte de biodiversité.
3. Des financements concessionnels ou les subventions de contrepartie, qui permettent de mobiliser du capital privé tout en diminuant le coût pour les bénéficiaires et en maximisant les impacts du projet
Dans les pays émergents, l’un des obstacles principaux au développement du secteur privé réside dans les défaillances du secteur public (infrastructures, sécurité, éducation et formation, cadre légal, instabilité macroéconomique et politique…). A travers le financement du secteur privé local, les institutions de développement peuvent mitiger une partie de ces obstacles.
Les projets à impact environnemental positif présentent généralement des profils de risque élevés, des horizons de rentabilité lointain et des niveaux de rentabilité modéré, soient parce qu’ils requièrent d’importants investissements sur des durées d’amortissement très longue (énergie solaire, écotourisme…), soit parce qu’ils s’imposent des contraintes qu’ils ne peuvent totalement répercuter sur leurs prix de vente (filières agricoles ou d’élevage durables…), soit parce qu’ils subissent des risques exogènes incontrôlables liés justement à la nature (événements météorologiques, sanitaires …).
La subvention de contrepartie (ou matching grant) est le principal outil de financement utilisé dans le cadre de Mitsiry. Il s’agit du dispositif de co-financement de projet à impact social et environnemental, portés et cofinancés par des entreprises privées. A travers ce dispositif, les entreprises sont utilisées comme partenaire de mise en œuvre de projets locaux, de développement économique des communautés locales et de conservation de la biodiversité avec des projets d’utilité public comme la formation professionnelle gratuite pour des étudiants issus de milieux défavorisés par Vatel(une école supérieure spécialisée dans la formation à l’hôtellerie et l’écotourisme),la formation et la sensibilisation d’apiculteurs par SSM, l’accès à des services de base comme l’énergie par Jiro-Ve.
ANKA est une pionnière et experte du développement, de la conception, de l’installation et de l’exploitation de mini-réseaux solaire. La mission de l’entreprise est de fournir un accès à une énergie fiable, sécurisé, abordable et durable aux populations non-raccordé au réseau principal de l’Etat, à travers 3 activités complémentaires : L’ingénierie et la construction de mini-réseaux solaire, les projets d’énergie renouvelable décentralisée, et le conseil.
Aujourd’hui, ANKA c’est :
- 17 réseaux solaires
- 3 régions : Vakinakaratra, DIANA, Atsimo Andrefana
- 30 villages desservis
- 15,000 bénéficiaires (et 50,000 bénéficiaires cibles)
- 100 employés
La subvention de contrepartie pour pallier aux besoins d’investissement importants liés aux projets – que les entreprises ne peuvent pas absorber seules : Anka, utilise le Blended Finance sur chaque projet de construction de nouvelles centrales avec un mix de subvention, de capital et de dette. L’entreprise peut ensuite mettre en œuvre le projet et financer elle-même l’exploitation des installations avec un modèle économique viable.
4. Des garanties venant diminuer le risque des investisseurs privés au sein même des véhicules d’investissement ou au cas par cas sur les projets
En général, ce type de garantie permet à la fois d’attirer davantage de capital et d’en réduire les exigences de rendement. Les garanties de risque protègent les investisseurs contre les pertes, dans le cadre d’une structure de capital. Le garant accepte de couvrir la perte (totale ou partielle) d’une opération de financement par un tiers en cas de non-remboursement ou de perte de valeur. Les garanties permettent aux transactions d’attirer des capitaux à des taux plus favorables avec des exigences de rendement réduites.
CONCLUSION
A Madagascar et dans les pays de la région, où le lien entre l’extrême pauvreté et l’adaptation au changement climatique et la préservation de la nature et est évident, tout plan d’adaptation et de conservation doit impérativement reposer sur l’amélioration des conditions et opportunités économiques et sociales des populations vulnérables. Cela passe inévitablement par le levier de l’entrepreneuriat à grande échelle en nombre et en ambition, à travers des projets d’envergure.
Dans un contexte caractérisé par une incertitude extrême, des infrastructures insuffisantes, un manque de compétences et de ressources financières pour favoriser le développement des entreprises, le Blended finance émerge comme l’outil adapté par excellence. Il représente la convergence et l’effet de levier entre des capitaux publics et privés pour soutenir des initiatives environnementales et sociales à fort impact. Il introduit également la nécessaire collaboration
entre les acteurs du développement, de la conservation et de l’économie.
Malgré ses avantages manifestes, le Blended finance rencontre des défis majeurs, notamment la difficulté de communication et de coordination entre les acteurs publics et privés, la complexité à atteindre de manière ciblée et granulaire les entrepreneurs sur le terrain, ainsi que l’ampleur nécessaire pour démontrer la pertinence des projets à grande échelle.
Face à ces obstacles et à la complexité inhérente du modèle, le développement de structures intermédiaires spécialisées dans la création du dispositif, la gestion et l’attribution des fonds de Blended finance et capable d’articuler les différents éléments en jeu se révèle crucial pour faire progresser ces initiatives. C’est dans cette perspective que Miarakap se positionne, en tant qu’acteur central favorisant la synergie entre les divers intervenants.
Aujourd’hui, avec Miarakap, nous sommes au cœur d’une levée de fonds de Blended Finance axée sur le climat et la biodiversité à Madagascar et dans la région. Doté d’un capital de
30 millions USD et de 10 millions USD de programmes institutionnels, ce fonds financera des champions de l’entrepreneuriat dans quatre thématiques transversales :
1.L’utilisation responsable des ressources naturelles
2.Les solutions basées sur la nature
3.L’atténuation des effets du changement climatique
4.L’amélioration du niveau de vie des communautés locales
Avec la contribution de :
- Camille André-Bataille, Fondatrice et Directrice Générale de ANKA
- Laura Razanajatovo, Directrice Générale de Senteurs et Saveurs du Monde
- Roger Fenohery Andriamifidy, Fondateur et Directeur Général de Ando Pépinière
- Rik Stamhuis, Fondateur et Directeur Général de Jiro-Ve
- Vincent Lucas, Fondateur et Directeur Général de Exafeed
- Houssen Mebobaly, Fondateur et Directeur Général de Malakass
- L’équipe de Miarakap
- L’équipe de Kinomé